Hippocampe Fou
Aurore boréale
[Couplet 1]
Une sublime aurore boréale
Effleure de son voile de mousseline mon regard
Nous avançons dans ce désert de glace, sans nourriture hélas
L'hiver, les proies se font rares
Le froid engourdit mes membres
Mes forces ont prit la fuite
Des flocons perlent sur mes longs cheveux de cendre
Je ne suis que le fossile d'un chef inuit
Mes pieds chuchotent aux bottes en peau de phoque, qui les enveloppent
Des épopées d'une autre époque
Où j'étais vif, souple et imprudent
Maintenant, je ralentis mon groupe, je suis trop lent
Mon reflet me dévisage
Chaque soir, la vieillesse me donne le sein
Mes regrets m'apparaissent comme des mirages
Mon histoire touche à sa fin
J'ai appris à mes enfants à construire des igloos
À chasser l'ours blanc, le morse et le caribou
Mais leur estomac noué prédit que dans très peu de temps
Ils m'abandonneront devant la porte du néant
[Pont]
Ma mère a vieilli
Sa peau s'est plissée, ses épices ont terni
Les pages des livres d'images de son enfance sage
Ont jauni
[Couplet 2]
Statue voûtée sans appétit dans une cantine aseptisée
Au menu : soupe de nostalgie, purée d'ennui, compote ratée
Chaque matin, elle fait sa toilette, quand elle oublie : on la gronde
Elle est entrée dans la ronde de cette garderie pour ancêtres
Ma mère est une bougie que je laisse fondre
Seule, dans une petite chambre sombre
Elle traîne son silence dans ce long couloir, son indolence
Rédige sa carte de condoléances dans l'isoloir
L'automne dans le jardin, adossé à un mur de brume
Elle contemple des arbres centenaires qui se dén***nt
Mes visites gomment son air maussade pour mieux colorier ses paummettes
Elle se parfume, fait la poussière et m'offre, à chaque fois, des gaufrettes
Mais elle m’effraie, sans faire exprès
Lorsqu'elle me parle, elle utilise l'imparfait
Ma maman voit, depuis son lit, des avions décoller
Le mien part à midi, je fuis, elle a l'air désolée