Victor Hugo
Quand la nuit n’est pas étoilée
Quand la nuit n'est pas étoilée
Viens te bercer aux flots des mers;
Comme la mort elle est voilée
Comme la vie ils sont amers
L'ombre et l'abîme ont un mystère
Que nul mortel ne pénétra;
C'est Dieu qui leur dit de se taire
Jusqu'au jour où tout parlera!
D'autres yeux de ces flots sans nombre
Ont vainement cherche le fond;
D'autres yeux se sont emplis d'ombre
A contempler ce ciel profond
Toi, demande au monde nocturne
De la paix pour ton cœur désert!
Demande une goutte à cette urne!
Demande un chant à ce concert!
Plane au-dessus des autres femmes
Et laisse errer tes yeux si beaux
Entre le ciel où sont les âmes
Et la terre où sont les tombeaux!