Ovide
Les métamorphoses d’Ovide, Livre XI (Fable 3)
(v.194) Après s'être ainsi vengé, le fils de Latone quitte le Tmolus. Porté à travers les airs limpides au-delà du détroit d'Hellé, fille de Néphélé, il s'arrêta dans les champs où régnait Laomédon. A droite de Sigée, à gauche de Rhoetée aux eaux profondes, il est un antique autel consacré à Jupiter tonnant Panomphaeus. De là, Apollon voit Laomédon commencer à élever les remparts de la ville nouvelle de Troie, cette grande entreprise progresser avec peine, au milieu des difficultés, exigeant des frais considérables. Alors, en compagnie du dieu qui porte le trident, père des abîmes que soulève la tempête, il prend la forme humaine et construit ces murs pour le tyran de Phrygie, ayant stipulé, pour prix de murailles, une somme d'or. L'oeuvre se dressait, achevée ; le roi nie sa dette et ajoute, comble de perfidie, aux mensonges le parjure. « Ta conduite ne restera pas impunie », dit le dieu qui commande aux mers ; et il dirigea la pente de ses eaux vers les rivages de cette Troie cupide. Il envahit les terres qui prirent l'apparence d'une mer, emporta tout ce qui faisait la richesse des laboureurs et recouvrit les champs de ses flots. Et ce châtiment ne lui suffit pas ; il exige aussi que la fille du roi soit exposée à un monstre marin. Enchaînée à de durs rochers, elle est délivrée par l'Alcide, qui réclame, récompense promise, les chevaux désignés d'avance. Le salaire d'un tel exploit lui étant refusé, il s'empare des murailles de cette Troie, deux fois parjure, dont il a eu raison. Télamon, qui avait pris part à l'expédition, ne se retira pas non plus sans profit et devient le maître d'Hésioné, qui lui est donnée. Car, pour Pélée, il était déjà célèbre pour avoir une déesse comme épouse. Et il n'est pas plus fier du nom de son aïeul qu'il ne l'est de celui de son beau-père : c'est que, si l'honneur d'être le petit-fils de Jupiter échut à plus d'un, à un seul échut celui d'avoir pour épouse une déesse.